08 septembre 2016
Anatomie d'une collection, exposition au musée Galliera
Parmi les 243000 pièces de sa collection, le musée Galliera en a sélectionné une centaine, du XVIIIème siècle à nos jours, représentatives de l’art du vêtement et comme autant de reliques de personnalités en vue ou de métiers populaires.
Car le vêtement n’est pas un objet comme les autres : il conserve en ses plis un peu de l’âme de celui ou celle qui l’a porté, ainsi peut-on peut-être comprendre le sens du vocable choisi : « anatomie » ?
Nous n’avons naturellement pas conservé l’identité des travailleurs qui nous ont laissé cette blouse de coiffeur, ce merveilleux tablier de femme de chambre tout ourlé de festons blanc sur blanc, cette casaque rouge de forçat des années 1820-1850, ce costume d’infirmière de la guerre de quatorze siglé UFF (Union des Femmes de France, précurseur de la Croix-Rouge) placée de façon humoristique devant la robe rouge à petits volants de Brigitte Bardot dans « La femme et le pantin ».
Non. Mais nous pouvons imaginer les formes de Marie-Antoinette devant son corset aux ourlets finement soulignés de points avant, la veste d’amazone de Cléo de Mérode, les tenues de mariage de l’épouse du Docteur Gachet et la robe beige de George Sand, la robe de linon arachnéenne de Joséphine, toute brodée ton sur ton, le fantastique gilet de damas turquoise du prince de Ligne, le chapeau d’équitation de la princesse Murat, muni d’un monocle incorporé qui permettait à la cavalière très myope de viser à la chasse …
Plus près de nous, les toilettes et les souliers de la richissime Anna Gould, qui avait épousé en premières noces le sublime Boni de Castellanne : sa photographie montre à quel point elle était laide … mais encore les robes et les bibis d’Audrey Hepburn, tous créés par Hubert de Givenchy, la robe de mariée en patchwork sublime de Gersende de Sabran par Yves Sant Laurent, la superbe tenue de scène de Mistinguett en 1934, toute de paillettes et d’aigrettes bleues, la robe très 18ème siècle portée par l’épouse de Christian Lacroix, la robe au seins en obus de Jean-Paul Gaultier, les créations avant-gardistes de Jean-Charles de Castelbajac, Comme des garçons, ou la robe en python blanc ajouré d’Azzedine Alaïa.
On pourrait dire que ce survol de la mode à travers les clientes célèbres des grands couturiers a quelque chose de … décousu car le fil directeur de l'exposition n'est pas des plus clair ... même si les cartels de chaque tenue sont assez bien détaillés.
Mais chacun se fait ainsi son propre cinéma. Pour moi, je me souviens de certaine de ces femmes élégantes, entrevues à la télévision, des défilés de haute couture …
Un monde pas si futile car le vêtement que l’on choisit est à la fois le reflet d’une époque et de la personnalité de celui qui le porte. Pas seulement un élément de protection, de parure, d’affirmation d’un statut social, un moyen de se donner de l’assurance, de montrer son appartenance à un groupe ou la volonté de s’en affranchir …
Pas seulement !
Anatomie d’une collection, au Musée Galliera – 10 avenue Pierre 1er de Serbie – 75116 Paris – jusqu’au 23 octobre, fermé le lundi.
Ces drôle, je me souviens très bien de la fameuse robe de mariée de Gersende de Sabran qui, à l'époque, m'avait éblouie. Quel talent il avait Yves St Laurent !