14 janvier 2017
La chasse au trésor, polar d'Andréa Camilleri
Retour dans la délicieuse ville sicilienne autant qu’imaginaire de Vigatà, dans les pas du commissaire Salvo Montalbano. Pour cet épisode, il connaît une notoriété non souhaitée en escaladant une échelle pour maîtriser un couple de vieillards retranchés au milieu d’un furieux bric-à-brac de bondieuseries, qui se sont mis à mitrailler la foule depuis leurs fenêtres. Car la télévision locale a filmé son ascension, et bien entendu la séquence a été reprise par les télévisions nationales. Il n’en demandait pas tant, car au milieu de l’échelle, il a été pris de vertige. Mais il a encore le pied agile, malgré ses 57 ans et toutes les questions qu’il se pose.
Le voilà peu après cet épisode embringué dans un jeu de piste déconcertant, face à un mystérieux correspondant qui lui adresse des poèmes naïfs, en lui promettant la découverte d’un trésor « unique et inimitable » … Cependant, après une accalmie de dossiers qui lui pèse, Montalbano est confronté avec la disparition d’une très jolie jeune fille, que ses pauvres parents jugent inquiétante. La liaison éventuelle entre le vieux couple de bigots, leur étrange héritage et le correspondant qui dialogue par énigmes avec le commissaire devient particulièrement opaque.
Naturellement, nous retrouvons avec délices les approximations lexicales du standardiste Catarella, la manie de recherche d’état-civil de Fazio, les prouesses du séducteur Augello, la mauvaise humeur du médecin légiste, et surtout les appétits d’ogre de Salvio et ses démêlés téléphoniques avec sa douce amie génoise, Livia. Evidemment aussi, il faut surmonter la difficulté de lecture et parfois de compréhension de la transcription spécifique adoptée par le traducteur Serge Quadrupanni – mais j’adore ! - du dialecte sicilien et de ses constructions grammaticales …
Mais ce qui est particulièrement étonnant, c’est la capacité extraordinaire de l’auteur, âgé aujourd’hui de plus de 91 ans, de nous embobiner avec de nouvelles histoires. La chasse au trésor a été publiée en Italie en 2010 et en France en 2014, et ce n’est pas le dernier opus d’Andréa Camilleri, qui compte plus de cent livres à son actif.
La chasse au trésor, polar d’Andréa Camilleri traduit par Serge Quadruppani, publié en Pocket, 262 p. 6,95€
Commentaires
J’ai vu avec plaisir quelques épisodes de la série télévisée tirée des enquêtes de Montalbano. Les scénarii, les personnages et les paysages correspondent très bien aux livres. Mais la lecture – avec la traduction si particulière du dialecte sicilien par Serge Quadruppani – est encore plus savoureuse !
Chère Marie-Pierre, la sicilienne que je suis ne se pouvait pas s'empecher de vous laisser un comméntaire! Quelle délice ce choix de lecture, qui vous plonge directement dans la langue italienne des siciliens, où le dialect (qu'il s'agit d'en italianiser les mots - dont beaucoup veinnet du français! - ou d'en garder la structure grammaticale) est dans la réalité du quotidien très présent. A' quand un voyage dans la Val de Noto et autour de Marina de Ragusa, pour visiter les lieux sublimes du baroque sicilien où se tourne la série?
Bonjour Bigmammy , Je n'ai encore rien lu de lui , mais j' avais bien aimé les enquêtes du commissaire Montalbano à la télévision .
Les livres sont-ils aussi excellents que ceux de Donna Leon ?