05 février 2017

Jackie, film de Pablo Larrain

Il ne s’agit pas à proprement parler d’un biopic puisque le film ne retrace que les quelques jours qui suivent l’assassinat à Dallas du Président John F. Kennedy, le 22 novembre 1963, et la version des faits qu’en donne sa femme, Jacqueline, terriblement traumatisée, à un journaliste du magazine Life (incarné avec tact par Billy Crudup).

C’est un film sur la beauté et le courage d’une femme, icône glamourissime de la mode, son maintien, sa force de caractère, ses faiblesses, sa solitude, son chagrin, son ardeur à vouloir des funérailles spectaculaires, dignes de son infidèle époux qu’elle admire comme un homme d’Etat exceptionnel.

Toutes les personnes de ma génération se souviennent parfaitement des images horribles de l’attentat, tournant en boucle sur toutes les télévisions du monde, de cette femme qui voit son mari expirer sous ses yeux, de ce sang éclaboussant le tailleur Chanel rose et le chapeau « Pillbox hat », la prestation de serment de Lyndon B. Jonhson dans l’avion Air Force One.

Qui aurait résisté à un tel traumatisme ? Comment a-t-elle fait pour en parler aux enfants ? Pourtant elle se mobilise, malgré son chagrin, la nécessité de quitter ses appartements, pour résister à sa belle-mère, comment, toujours penser à préserver l’image de ce Président fauché dans la fleur de l’âge.

Nous la voyons ici, magistralement incarnée par Natalie Portman, avec ses faiblesses, ses doutes, une femme à qui pourtant tout était offert : la beauté, la gloire, la fortune, l’amour, la culture, le talent, le style … et puis plus rien. Avec les autres blessures aussi : ses enfants morts avant d’avoir vécu, et qu’elle fait inhumer à côté de leur père … c’est la dernière image de ce film où la reconstitution des décors et des costumes est parfaite. Quel décalage avec l’image du président d’aujourd’hui …

Jackie, film de Pablo Larrain, avec Peter Sarsgaard (Bobby Kennedy) et John Hurt (le prêtre). Scénario de Noah Oppenheim.