01 mai 2017
La machination Voronov, BD d'Yves Sente et André Juillard
Je poursuis ma relecture des continuateurs fidèles de l’œuvre d’Edgar P. Jacobs.
Le deuxième épisode de cette reprise a été réalisé par Yves Sente (scénario) et André Juillard (dessin). Il a été publié en janvier 2000, soit quatre ans après « L’affaire Francis Blake ». Et l’intrigue se déroule en grande partie en U.R.S.S. : au cosmodrome de Baïkonour où les soviétiques préparent la mise sur orbite du premier spoutnik, et à Moscou dans les sombres caves de la Loubianka, le QG du KGB.
Un épisode de la Guerre Froide qui me rappelle mes jeunes années, décrit avec un luxe de détails. Les espions à la solde des Russes sont partout : répartis en agents dormants dans tous les pays du monde occidental, ils entrent en action sur un simple coup de fil pour assassiner des responsables politiques ou scientifiques éminents. Car le dessein est de déstabiliser le monde libre en faisant croire à une action de l’U.R.S.S., dans le but de provoquer une riposte nucléaire des Américains à la « gachette » ultra-sensible, et profiter ainsi de l’affaiblissement de la puissance communiste au cours du conflit pour fomenter un coup d’Etat qui remette en selle à Moscou les tenants du stalinisme pur et dur.
Et c’est l’arme bactériologique, une bactérie tueuse, qui a été choisie.
Mais des « correspondants » qui risquent leur vie derrière le rideau de fer, les responsables du MI6 en ont aussi. L’histoire est particulièrement bien agencée, avec de multiples rebondissements et des coups de main spectaculaires. Les compétences scientifiques du Professeur Mortimer seront bien utiles à Francis Blake, qui va mouiller sa chemise pour secourir une de ses recrues démasquée par les sbires du Professeur Voronov, un savant mégalomane, associé à l’inévitable « colonel » Olrik.
Bref, la reconstitution de l'ambiance délétère de ces années de plomb est minutieuse, les personnages bien campés, l’aventure, avc ses multiples rebondissements, très cohérente …
Et puis, j’ai particulièrement apprécié la case où l’une des protagonistes entre dans un restaurant pour téléphoner en toute discrétion au KGB : c’est le Klow, et son patron est toujours celui du restaurant bordure bien connu de Tintin dans « Le sceptre d’Ottokar » … référence, révérence …
Et l’avantage d’avoir décidé que les héros Blake et Mortimer sont « bloqués » dans la décennie des années cinquante, c’est qu’ils ne vieillissent pas !
La machination Voronov, BD d’après les personnages de Edgar P. Jacobs, par Yves Sente et André Juillard, éditions Blake et Mortimer, 64 p., 16€.