Ce roman aurait pu s’intituler « Vingt ans après » si ce titre n’avait pas déjà était pris par Alexandre Dumas … Mais on peut aussi le lire sans connaître les événements précédents.

Jean-Christophe Rufin continue la saga de Jean-Baptiste Poncet, ce médecin aventurier prompt à se lancer dans des voyages au confins du monde connu pour une juste cause. (toute ressemblance avec l’auteur qui fut à la fois médecin, diplomate et humanitaire n’étant bien entendu pas fortuite !)

Nous voici donc en 1721 à Ispahan où se sont installés Jean-Baptiste et Alix, la fille du Consul de France au Caire, après leur fuite amoureuse décrite dans l’Abyssin. Ils ont eu une fille, la belle et rousse Saba et ont aussi recueilli le fils d’amis britanniques, George. Ils mènent une vie plutôt bourgeoise, ponctuée de fêtes, dans cette ville-jardin pleine de délices.

Françoise, la femme de leur ami protestant Juremi – qui pour moi revêt les traits de Sébastien Chabal - les rejoint pour demander à Jean-Baptiste de retrouver son compagnon, engagé dans l’armée suédoise défaite par le tsar Pierre le Grand et retenu prisonnier au-delà de l’Oural. Jean-Baptiste ne se fait pas prier car l’aventure le tente à nouveau. Il part en compagnie du jeune George, féru de sciences … et c’est une nouvelle fois une série de péripéties entre la Perse et la Sibérie …

Comme dans les comédies de Molière, les personnages se retrouvent pour mieux se perdre, se rencontrent au fin fond du Caucase, les femmes se déguisent en hommes, les souverains se laissent attendrir … et tout le monde se retrouve à la fin.

En vérité, j’ai eu moins de plaisir à suivre ce deuxième épisode. Trop d’invraisemblables rebondissements, trop de personnages, trop d’événements picaresques, un peu trop de tout. Malgré tout, une écriture toujours aussi étincelante et des réflexions philosophiques et politiques non dénuées d’intérêt : sur le positionnement de l’Iran entre deux mondes, sur la valeur du mensonge dans les cultures orientales … et une description des ravages de la guerre qui reste d’une brûlante actualité.

Sauver Ispahan, roman de Jean-Christophe Rufin – de l’Académie Française – collection folio, 644 p., 9,90 €