Je ne rate pas une nouvelle parution de Jean Contrucci, ce journaliste qui raconte toutes les facettes de l’histoire de sa ville natale, avec le focus sur plusieurs périodes : le XVIème et XVIIème siècle, le début du XXème siècle et les horreurs de la Seconde guerre mondiale.

Dans son dernier ouvrage, on s’interroge sur l’éventuelle part auto biographique : Pierre, le narrateur, est journaliste, né juste avant la guerre, tout comme l’auteur.

Le thème du livre est double : d'abord le mensonge, le déni d’un fait destiné à épargner le chagrin d’un enfant. Cependant, le secret des origines est un poison à effet aussi redoutable que différé, pour tout enfant devenu adulte.

Et ensuite le choix d’un camp en temps de guerre : résistance ou collaboration ?

Car les deux parents de Pierre ont disparu pendant le conflit. Il a attendu leur retour pendant toute son enfance, puis a renoncé à poser des questions. Certes, il a été élevé avec amour par ses grands parents maternels mais avec le temps, son âme ne se résout pas à cesser de vouloir comprendre  … Et quand la réponse à ses questions – ce qu’il croit découvrir en tous cas – apparaît, c’est pour lui une pénible révélation.

Une occasion pour décrire la situation de Marseille pendant la guerre : ses collabos, ses résistants, les dénonciations, les exactions au moment de la Libération. Marseille, port majeur, particulièrement ouvert à tous les trafics, toutes les mafias, tous les règlements de comptes sanglants … une tradition qui perdure.

A vrai dire, je regrette que Jean Contrucci n’ait pas poursuivi sa série des « Nouveaux mystères de Marseille » interrompue en 2018. Mais j’apprécie toujours son style fluide, parsemé de locutions provençales -  pas besoin de notes de bas de page pour comprendre ce patois qui fut peu ou prou celui de mes grands-parents maternels -  sa fine connaissance des faits-divers de la région et des décors naturels.

C’est un court roman, une histoire complexe, une investigation logique … et une vérité plausible.

Les voleurs de mémoire, roman de Jean Contrucci, édité Chez Hervé Chopin, 253 p., 19€