23 mars 2017
Antoine Bourdelle en son jardin de Montparnasse
L’avantage d’aller voir une exposition temporaire dans un musée (ce printemps, c'est celle du couturier Cristobal Balenciaga), c’est de pouvoir dans le même temps visiter aussi ses collections permanentes.
Et ici, au fond de cette impasse située tout près de la gare Montparnasse, c’est un havre de calme avec cette petite maison qui fut le domicile du sculpteur et surtout, son atelier resté "dans son jus" ouvrant sur trois jardins.
Antoine Bourdelle (1861 – 1929) était originaire de Montauban. Il a commencé à fréquenter l’Ecole des Beaux-Arts de Toulouse dès l’âge de 15 ans, puis, en 1884, il s’inscrit aux Beaux-Arts de Paris où il a pour maître Falguière. Il s’installe l'année suivante dans cet atelier où il travaillera toute sa vie. Il assiste Rodin à partir de 1893 et jusqu’en 1908. De 1909 à 1929, il enseigne à l’Académie de la Grande Chaumière où il aura pour élèves Alberto Giacommetti, Maria-Elena Viera da Silva, Germaine Richier.
Le musée rassemble de très nombreux exemples de son art puissant et lyrique. Des bronzes, des plâtres colorés à l’antique, des terres cuites, des bas-reliefs grandeur nature, des bustes, des monuments imposants en pièces détachées … A part les œuvres de jeunesse, plus classiques, le style personnel de Bourdelle s'affirme d'abord dans le sillage de Rodin, puis il s'en affranchit et éclate la propension aux œuvres monumentales.
Chacun d’entre nous a en mémoire l’Héraclès archer, qui figurait sur nombre de nos cahiers d’écolier. A Paris, les spectaculaires bas-reliefs en marbre blanc ornant le Théâtre des Champs-Elysées (1910 – 1913 par Auguste Perret) suscitèrent la polémique, le monument au poète polonais Adam Mickiewicz, inauguré en 1929, est visible place de l’Alma… Ici, à portée immédiate de regard, on peut passer d’une sculpture à l’autre, soit dans le grand hall, soit dans l’aile Portzamparc, l’extension édifiée en 1992…
C’est surtout dans les jardins, bien fleuris en ce début de printemps, que la promenade vaut le détour : l’immense statue équestre du général Alvear contraste avec la délicieuse évocation de la première victoire d’Hannibal, ce jeune garçon maîtrisant un immense rapace, la France avec sa lance pointée vers le ciel, le Centaure mourant, Sapho, Jeanne d’Arc, l’immense Vierge à l’offrande non loin de la petite Victoire du droit avec sa figure solaire au verso.
Une replongée dans l'oeuvre d'un immense artiste, sans doute moins connu que son maître Rodin dont on va beaucoup nous parler cette année, mais qui mérite toute notre attention.
Musée Bourdelle, 18 rue Antoine Bourdelle 75015 PARIS – fermé le lundi.
Merci de ces visites commentées,précieuses pour ceux qui n'habitent pas Paris