05 avril 2017
Ciao Italia, un siècle d'immigration et de culture italienne (1860 - 1960)
Quel bonheur de revenir dans ce musée si longtemps oublié et pourtant si beau, et de se retrouver soudain au milieu de groupes de jeunes conduits par leurs enseignants (et pourtant nous sommes en période de vacances scolaires !!!)… pour approfondir un thème tellement important pour l’avenir de notre nation : l’apport de l’immigration dans la communauté française …
Alors bien évidemment, une exposition portant sur la réussite exemplaire de l’intégration italienne, je ne pouvais pas la rater. Même si, fidèle lectrice de Cavanna et de Pierre Milza, et forte de mon ascendance piémontaise, je n’ai pas fait de découvertes essentielles. Mais je me suis fait plaisir dans cet espace bien documenté et très intéressant.
Car tout le monde n’est pas aussi sensibilisé que moi à cette vague d’immigrés économiques traversant les Alpes au milieu de mille dangers dès le lendemain de l’unité italienne, puis une aspiration à la survie dans les périodes successives de croissance industrielle française dans le Nord et en Lorraine (embauches dans les mines, la sidérurgie, l’automobile …), enfin l’arrivée importante de réfugiés politiques (notamment dans le Sud-Ouest) après l’arrivée au pouvoir de Mussolini (plus de 800000 dans les années 30).
Une telle présentation permet de mesurer, avec le recul historique suffisant, combien l’apport de cette population dure au mal, courageuse et cohérente a été important dans notre développement économique et notre culture.
Car il faut rappeler que l’arrivée de ces immigrants n’a pas été sans violents heurts : à Marseille en 1881, à Aigues-Mortes en 1893, les émeutes anti italiennes ont fait de nombreux morts. Ils étaient alors perçus comme des envahisseurs, des suppôts du crime organisé et de l’anarchie (Caserio et l’assassinat de Sadi Carnot en 1894).
Les Italiens ont en effet constitué la plus forte proportion d’étrangers venus travailler en France : à raison de plusieurs millions durant cette période. Mes grands-parents en étaient …
Que nous ont-ils laissés ? Sans surprise, ils ont commencé par occuper de petits boulots délaissés par nos compatriotes. Dans les mines et l’industrie mais aussi dans la restauration, le spectacle, les travaux publics, l’agriculture (surtout les femmes), enfin le cinéma et la gastronomie.
Qui se pose aujourd’hui la question de l’intégration de certaines familles ou célébrités totalement adoptées : Fratellini, Ponticelli, Bugatti, Repetto, Olivetti, Cino Del Duca, Boldini, de Nittis, Lino Ventura, Serge Reggiani, Yves Montand, Marcello Mastroianni, Raf Vallone …
Qui se rend compte du nombre infini de mots et de concepts totalement partie prenante de notre culture moderne (on dénombre 698 italianismes dans la langue française !) : imbroglio, tombola, pizza, ravioli, spaghetti, mafioso, condottière, fortissimo, pianissimo, presto …
Ou justement, Ciao, un mot qui signifie à la fois bonjour et au revoir ...
Le renversement de perception des « Ritals » ou des « Macaronis » est intervenu dans les années 60. A travers le tourisme et le cinéma, la vision de l’Italie a profondément changé.
Cependant, tous ceux qui se revendiquent d’une telle origine, même lointaine (comme moi !), restent attachés à cette culture généreuse à travers la cuisine, les valeurs familiales, l’amour des arts …
De quoi conserver au cœur une toute petite part d’Italie …
Ciao Italia, un siècle d’immigration et de culture italienne en France (1860 – 1960) exposition jusqu’au 10 septembre au musée national de l’histoire de l’immigration, 293 avenue Daumesnil –Paris 12ème – tous les jours sauf le lundi, à partir de 10 h, 9 €
Merci
Pour l'information.etant d'ascendance napolitaine, j'irai sûrement voir cette exposition.
Bonne journée