Le Talisman de Paul Sérusier, au musée d'Orsay
Un petit tableau intitulé « Paysage au Bois d’amour » est considéré aujourd’hui comme une icône de l’histoire de l’art.
Réalisée en octobre 1888 à Pont Aven, sous la direction de Paul Gauguin, cette peinture de paul Sérusier devient pour le groupe des « Nabis » (prophètes en hébreu) le symbole d’une révolution esthétique avec ses couleurs pures déposées en à-plats et ses formes simplifiées, un œuvre manifeste qui annonce une nouvelle conception de la peinture et ouvre la voie à l’abstraction.
Paul Sérusier rentre à Paris et montre son petit tableau à ses camarades de l’Académie Julian, qui adoptent aussitôt cette nouvelle façon de peindre.
Maurice Denis, Ranson, Piot, Ibels, Bonnard, Vuillard, Roussel, Jan Verkade, Balllin, Félix Vallotton, Lacombe prennent bientôt l’habitude de se réunir de façon quasi religieuse, en apportant lors de ces réunions « nabiques » de petites peintures, ou « icônes ».
Le Talisman est une peinture de paysage qui transcrit non pas ce que le peintre voit mais ce qu’il ressent, « informe à force d’être synthétiquement formulé » selon Maurice Denis.
Les Nabis évoquent ainsi la dimension sacrée de la nature, allant jusqu’à l’abstraction colorée.
L’exposition réunit un grand nombre de toiles déjà vues dans ce merveilleux musée – comme la sublime « Madeleine au bois d’amour » d'Emile Bernard, ce portrait de la jeune soeur de l'artiste dont Paul Gauguin était tombé éperduement amoureux.
On y découvre aussi les recherches chromatiques de Paul Sérusier, à rebours de la théorie scientifique du chimiste Victor Chevreul, élaborées à partir de son expérience de peintre.
Une occasion aussi de voir ou de revoir les superbes toiles de Bonnard et Vuillard, juste avant et juste après cette exposition passionnante, en particulier les toiles de la donation Zeineb et Jean-Pierre Marcie-Rivière, entre'aperçues en 2016 et désormais exposées en salle 9.
Mon sentiment : il n'est pas indispensable de peindre en grand format pour concevoir un chef-d'oeuvre !
Le Talisman de Paul Sérisier une prophétie de la couleur, exposition au musée d’Orsay – niveau 0, à droite – jusqu’au 2 juin.