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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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6 septembre 2019

Soumission, roman de Michel Houellebecq

 

Soumission

C’est le premier livre de Michel Houellebecq qui me tombe sous la main.

Et je comprends à la fois pourquoi cet auteur est controversé et quelle est sa place éminente dans la littérature contemporaine. Car le style est simple, fluide, les descriptions des personnages acérées, la trame de l’intrigue imaginative et efficace. Tout ça avec un humour désenchanté très réaliste …

Ce que je trouve curieux cependant, c’est cette mode qu’ont certains auteurs contemporains de faire référence à des figures oubliées du XIXème siècle : ici, le narrateur, François, professeur à la Sorbonne au bord de l’écœurement, ressasse indéfiniment sa thèse sur Joris-Karl Huysmans et, pour ma part, je notai récemment la référence constante par Hervé Le Corre - auteur de polars - à Lautréamont.

Soumission est un roman de politique-fiction écrit en 2014. L’histoire se passe au printemps 2022, terme du second mandat de François Hollande, tout aussi calamiteux que le premier. La critique du milieu universitaire est cruelle, même si l’auteur n’a jamais connu ce milieu puisqu’il a fait de brillantes études d’agronomie ; mais certaines notations sonnent tellement vrai : « Ceux qui parviennent à un statut universitaire n’imaginent même pas qu’une évolution politique puisse avoir le moindre effet sur leur carrière ; ils se sentent absolument intouchables. »

Car une évolution politique majeure se profile à l’occasion de l’élection présidentielle. En démocratie en effet, tout est possible ! Faisant œuvre ici de cassandre, Houellebecq imagine que lors de cette échéance, les formations politiques complètement dévalorisées vont disparaître au profit d’un jeune (44 ans) énarque brillant et résolu à réformer de fond en comble les institutions et la société française.

Tout se joue avant le second tour, avec l’inévitable candidate de l’extrême-droite arrivée en tête au premier tour, et les deux formations suivantes au coude à coude. Avec l’appui de François Bayrou et un pacte de gouvernement avec les socialistes qui veulent à tout prix se maintenir au pouvoir, c’est l’homme nouveau, le malin énarque qui est élu président. Et il est musulman.

Et le nouvel homme fort – suité naturellement d’une majorité parlementaire élue dans la foulée – va mettre le paquet sur l’éducation : islamique, bien entendu. Il exclut toutes les femmes de l’enseignement, ouvre grand les portes aux financements de l’Arabie saoudite et des Qataris, supprime les crédits à l’enseignement public laïc … instaure peu à peu la charia, rêve de reconstituer l’Empire romain en faisant adhérer à l’Union Européenne les états riverains de la Méditerranée.

Houellebecq souligne l’écart abyssal entre la population et ceux qui parlent en son nom, fustige les « ultimes soixanthuitards, momies exsangues mais réfugiés dans des citadelles médiatiques d’où ils demeurent capables de lancer des imprécations. » Et naturellement aussi le prosélytisme islamiste qui se montre efficace … Certains n’y résistent pas longtemps comme François car « le sommet du bonheur humain réside dans la soumission la plus absolue de la femme à l’homme – comme dans le roman "Histoire d’O" – et la soumission de l’homme à Dieu, telle que l’envisage l’Islam. » François, lui, adore les soirées électorales devant la télévision, mais ne vote pas.

C’est une réflexion amère sur la décadence de la civilisation occidentale, la vulnérabilité de ses élites à un discours spirituel qu’elle n’a plus entendu depuis les errements du communisme, le retour de la nécessaire spiritualité. Un roman émaillé aussi de scènes érotiques où la chair flasque est triste … J’espère pour l’auteur que ces évocations n’ont rien d’autobiographique.

C’est égal, maintenant, je pourrai disserter sur le talent de Michel Houellebecq et j’aurai acquis quelques notions sur J.K. Huysmans … c’est toujours ça de pris.

 

Soumission, roman de Michel Houellebecq, édité chez Flammarion (2015), 303 p., 21€

Commentaires
J
J'ai lu ce livre au moment de sa sortie, je l'ai trouvé très pessimiste et effrayant pour l'avenir mais malheureusement réaliste sur certains aspect de notre société !
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