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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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15 avril 2021

à rebours, roman de J.K. Huysmans (1884)

a reboursTemps de confinement, on en revient aux classiques qu'on n'a jamais eu le temps de lire - ou l'envie ?

Ce livre figurait sur la liste des classiques qu’on nous recommandait d'étudier avant de passer le bac. Bien entendu, piètre lectrice à l’époque, je n’en ai rien fait, et cela ne m’a pas manqué. Tout au plus, j’éprouvais un léger pincement de remords au passage de la rue qui porte le nom de son auteur, située à moins de 50 m. de chez moi …

Et puis tout à coup, l’actualité se remit à évoquer ce talentueux critique d’art et romancier, naturaliste puis symboliste avant de se convertir au catholicisme.

D’abord, je l’ai découvert au détour du roman de Michel Houellebecq « Soumission », puis il y eut une passionnante exposition au musée d’Orsay, enfin, il était clairement fait allusion au « modèle » de Jean des Esseintes dans le roman de Julian Barnes, « L’homme en rouge ».

Ce « modèle », c’est le comte Robert de Montesquiou, archétype du dandy à la française, merveilleusement portraituré par Boldini. C’est aussi le personnage de Palamède, baron de Charlus, dans La Recherche.

Trois motifs de me plonger dans ce roman de la décadence, où il ne se passe pratiquement rien. Car Jean des Esseintes est revenu de tout. Riche suffisamment pour ne pas avoir à travailler – ce serait déroger à sa caste – entouré de ses multiples collections, il éprouve la quintessence de l’ennui, il « s’embête à crever ». S’étant retiré dans une maison de banlieue où il vit en reclus mais avec ses domestiques, au milieu des livres qu’il a fait relier avec des prescriptions étonnantes, tout comme est baroquissime la décoration de ses appartements, les fleurs de son jardin, son « orgue à parfums » avant la lettre …

 

des esseintes Montesquiou

« Il vivait sur lui-même, se nourrissait de sa propre substance, pareil à ces bêtes engourdies, tapies dans un trou, pendant l'hiver ; la solitude avait agi sur son cerveau, de même qu'un narcotique. Après l'avoir tout d'abord énervé et tendu, elle amenait une torpeur hantée de songeries vagues ; elle annihilait ses desseins, brisait ses volontés, guidait un défilé de rêves qu'il subissait, passivement, sans même essayer de s'y soustraire. »

"A rebours", le roman le plus connu de Huysmans, est paru en 1884.

L’auteur y mêle les états d’âme d’un esthète velléitaire en pleine dépression - et sans doute atteint de la terrible maladie dont finira son ami Guy de Maupassant - à ses propres considérations sur les œuvres littéraires et artistiques de son temps. Ainsi découvrons-nous son extraordinaire passion pour la littérature latine, Gustave Moreau et Odilon Redon, ses préférences pour Verlaine, Baudelaire, Corbière, Mallarmé, Goncourt, Poe, Flaubert, Villiers de l’Isle Adam, Barbey d’Aurevilly et, naturellement, Zola.

Trois grands moments : la description de la Salomé de Gustave Moreau, la pâmoison devant les assemblages de senteurs, le départ inopiné pour Londres qui se termine à la brasserie de la gare du nord.

Même pour un lecteur du XXIème siècle, la langue, les évocations et les descriptions sont éblouissantes. C’est effectivement un classique qu’il est bon d’avoir lu, même en sautant quelques pages d’accumulations un peu « barbantes ». Mais je doute qu’un lecteur de l’âge à devoir passer le bac puisse s’y atteler.

 

A rebours, roman de Joris Karl Huysmans, édition Folio classique (présenté, établi et annoté par Marc Fumaroli), chez Gallimard, 400 p., 8,50€

Commentaires
J
Je me suis permis de relayer votre chronique sur ma page.
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