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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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15 décembre 2019

Huysmans, de Degas à Grünewald, exposition au Musée d'Orsay

 

affiche Huysmans

« Tantôt naturaliste, symboliste, décadent ou encore satanique, Huysmans (1848 – 1907) peine à trouver sa place et à se caser lui-même : sans doute parce qu’il était trop désespéré et érudit pour se conformer à une étiquette. »  

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Tel est présenté cet esthète dont je connaissais seulement le nom et les initiales mystérieuses, et qui a reçu l’hommage d’une rue juste derrière chez moi.

Et fait, j’ai vraiment entendu parler de lui – à part une molle incitation à lire ses deux ouvrages majeurs « A rebours (1884) » et « Là-bas (1891) » l’année du bac, en lisant récemment « Soumission » de Michel Houellebecq.

Mais il devient à la mode de notre époque un peu à bout de souffle de célébrer les critiques d’art au même titre ou presque que les artistes. Voir l’intéressante rétrospective consacrée par le musée du quai Branly à Félix Fénéon.

Car Joris Karl Huysmans est à la fois romancier et critique de l’art foisonnant de son temps. D’abord ami de Zola et des frères Goncourt, il se brouille avec les naturalistes lorsqu’il les dénonce parce qu’il les trouve matérialistes et pas assez spiritualistes.

Passant de la magie noire et du satanisme au catholicisme des plus rigoureux, ses livres sont autant de manifestes de l’esprit décadent et de l’esthétisme symboliste. Oscar Wilde déclara que c’est la lecture d’A rebours qui lui a donné l’idée d’écrire « Le portrait de Dorian Gray ». Il est vrai aussi que son extraordinaire roman a connu une notoriété bien supérieure !

L’idée du musée – et du commissaire de l’exposition, le plasticien italien Francesco Vezzoli qui en profite pour exposer quelques œuvres assez ésotériques – est de mettre en regard les tableaux et les peintres de cette époque particulièrement riche et les critiques qu’en fit Huysmans. Certaines terriblement cocasses comme la composition de Fernand Pelez « La mort de Commode » ou « La naissance de Venus » de William Bouguereau. A propos de la première œuvre, il écrit :

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« J’avais tout d’abord mal compris le sujet. Je pensais que le monsieur en caleçon de bain vert penché sur l’autre monsieur en caleçon de bain blanc était un masseur, et que la femme soulevant le rideau disait simplement : le bain est prêt. »

De la Vénus de Bouguereau, il dit « M. Gérôme avait rénové déjà le glacial ivoire de Wilhelm Miéris, M. Bouguereau a fait pis. De concert avec M. Cabanel, il a inventé la peinture gazeuse, la pièce soufflée. Ce n’est même plus de la porcelaine, c’est du léché flasque : c’est je ne sais quoi, quelque chose comme de la chair molle de poulpe. »

On ne saurait lui donner tort aujourd’hui …

En revanche, il tombe en arrêt devant Degas et Manet, Gustave Moreau, apprécie Whistler, Monet, Pissaro, Caillebotte, Forain, Renoir, Cézanne, Raffaëlli, Bartholomé, Sisley et Odilon Redon, et naturellement devant les primitifs et en particulier le retable d’Issenheim de Mathias Grünewald.

Une énigme vite éclaircie : la figure qui sert d’affiche à cette exposition n’est pas le portrait de J.K. Huysmans mais celui du Comte Robert de Montesquiou par Giovanni Boldini (1897). Le Comte dandy avait eu l’idée, reprise par Huysmans dans A rebours, d’incruster des pierres précieuses dans la carapace d’une tortue qui en mourut sous le poids …

 

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Une rapide exposition sur les tendances artistiques antagonistes du XIXème siècle, et qui donnera peut-être à certains l’envie de lire Huysmans … Quant à moi, j’ai fort à faire aussi avec des œuvres plus contemporaines.

 

 

 

 

 

 

Huysmans, de Degas à Grünewald, sous le regard de Francesco Vezzoli au musée d’Orsay jusqu’au 1er mars.

Commentaires
J
Merci pour cette chronique de l'exposition. Ce faisant vous allez à rebours de tous les journalistes qui l'annoncent, tout en évitant de s'y rendre, comme support promotionnel à la parution du volume Pleiade.
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