C’est une chronique douce amère et sans concessions … celle du directeur de la campagne pour l’élection primaire de la Droite et du Centre de novembre 2016.

Une première en France à droite, mais je doute que l’on renouvelle jamais l’expérience car le résultat aboutit à un carnage ...

La campagne d’Alain Juppé, donné depuis deux ans favori par tous les sondages, mais coiffé au poteau par un homme plus jeune, au discours plus tranché … mais avec le destin catastrophique que l’on connaît …

Gilles Boyer est un homme qui aime et qui sait écrire. Son humour est sans haine. Pudique, il est d’une honnêteté parfaite, reconnaît ses erreurs sans les imputer aux autres. Il fait le bilan d'un échec que personne n’a vu surgir dans les deux dernières semaines de cette campagne hors normes.

La victoire inattendue de François Fillon, alors que lui est un féal, un ami d’AJ (Alain Juppé) qui ne voyait pour adversaire dangereux que NS (Nicolas sarkozy), pour Gilles Boyer qui est un directeur de campagne omniprésent, totalement dévoué à son candidat et ami pendant 800 jours, c'est pourtant l'aboutissement de 15 années d’engagement auprès d’un homme d'Etat prêt pour le pouvoir suprême, et fort de 20 années dédiées à la politique, ce monde passionnant où tout est puissant, extrême, inattendu, irrationnel..

Fidèle à ses idéaux et loyal, il sera même le trésorier de la campagne présidentielle de celui qui a mis au tapis son mentor.

Cet ouvrage constitue sans doute pour l’auteur une thérapie. Ne l’apprécieront que ceux qui, comme moi, sont des mordus de la politique. J’avais déjà adoré le polar politique écrit avec Edouard Philippe en 2010 « Dans l’ombre » et, plus récemment sa description des coulisses de l’hôtel Matignon.

La politique est un virus dont personne ne peut guérir une fois qu’il en est atteint. La maladie peut connaître des régressions, mais une fois mordu, on n’y échappe pas.

L’homme est encore jeune. Il a de la ressource. Personne ne peut se priver de telles compétences ! Et désormais, il faudra à tout candidat faire en sorte de ne pas être dans les sondages  « trop haut, trop tôt ». A bon entendeur …

Rase campagne, récit de Gilles Boyer, publié chez JC Lattès, 266 p., 18€