Février 1784, entre Metz, Versailles et Paris. Quatrième épisode (sur 8) des enquêtes d’Augustin Duroch, artiste vétérinaire.

A cinq ans de la Révolution, les distances sociales n’ont jamais été aussi insurmontables. L'envie, comme à l’égard de cette Phélipette Pochon de Rosemain, pourtant si généreuse à l’égard de la paroisse et qui minaude devant le talentueux vicaire Joseph Louis, la jalousie et le ressentiment règnent … même chez les ecclésiastiques.

Les finances du Royaume vont à vau-l’eau et le roi ne cesse pourtant d’accorder des pensions bien au-delà des capacités financières d’un Etat en déficit abyssal.

Pourtant, un homme tente de réformer les finances : Charles Alexandre de Calonne (1734 – 1802), nommé contrôleur général l’année précédente, et qui est l’un des principaux personnages de ce cycle romanesque.

Esprit pratique et excellent technicien, mais aussi suprêmement intelligent et séducteur, il est adepte de la politique de relance de l'économie et de l'industrie naissante, et keynésien avant l’heure, il est honni des parlementaires et de toute une partie de la Cour, y compris Marie-Antoinette. Pour ne rien arranger, il suggère au roi une réforme des impôts qui mettrait à contribution la noblesse. Tout est mis en oeuvre pour le faire échouer.

A Metz, Phélipette de Rosemain vient d'être retrouvée asphyxiée dans les ruines de sa demeure incendiée. Cette accorte femme d’affaires servait d’entremetteuse pour l’octroi de places à la Cour, d’arrangements de mariages, de financements. Elle avait récemment emprunté une très forte somme à la banquière juive Fromele Wittersheim.

Eléonore de Cussange, amie d’Augustin Duroch, se rend à Versailles rejoindre Calonne, son amant. Une connaissance lui confie une lettre destinée à une dame d’atours de la tante du roi, Madame Victoire : cette remise va déclencher une affaire bien complexe.

Une sombre cabale destinée à nuire au contrôleur des finances, tandis qu’à Metz, une affaire impliquant le vicaire - qui lui aussi a emprunté une forte somme à Phélipette - et une prostituée prend des proportions énormes. Au milieu de ce mic-mac, Augustin apporte sa science et son esprit de déduction à Calonne, non sans y laisser des plumes.

Encore un épisode riche en rebondissements et surtout en descriptions fidèles de la province et de la cour à la veille de la Révolution. Poursuites, bagarres, suspens et rencontre avec des personnages historiques passionnants : j’adore !

Un bûcher pour Versailles, roman historique d’Anne Villemain-Sicherman, éditions Haret noir/ La Valette (2017), 523 p, 21€