Je continue de me documenter sur les auteurs français contemporains de romans policiers et de thrillers …

Après d’agréables et récentes découvertes (Jacques Saussez, Hervé Le Corre, Pascal Chabaud, Olivier Norek ...)*, viennent les inévitables déconvenues.

Pour ce livre de plus de 600 pages, construit selon les règles de l’art – chapitres courts, simultanéité de l’action dans des lieux différents, personnages torturés par leur passé, suspens à chaque tournée de page, énigme dont (presque) tous les éléments sont sous les yeux du lecteur dès le début (voir les règles édictées par J-L Borgès).

Cette histoire particulièrement sanglante parle d’une série d’enlèvements de belles jeunes filles, violées et torturées par un criminel en série travaillant en équipe du style Fourniret, qui distille depuis sa prison, mois après mois, les lieux où sont enterrées les victimes. Au détour d'une ligne, je ne sache pas que les prisonniers français soient revêtu d'une tunique orange (page 530 : l'auteur regarde trop de séries américaines ...)

Ce qui en fait l’originalité : la mère de la dernière disparue est une auteure de polars à succès, qui écrit sous un pseudonyme masculin. C’est elle et son mari qui vont continuer – voire compliquer - l’enquête, tandis que les équipes de policiers s’affairent à remonter les indices. L’un deux est particulièrement attachant du fait de son hypermnésie. En gardant en mémoire tout et n’importe quoi, en vrac, il parvient à élucider des codes, des suites de nombres, des fréquences de mots … Tandis que le père de la victime perd totalement sa mémoire après une agression.

Ajouter des décors complètement sombres et froids : l’intrigue se déroule à la fois autour de la baie de Somme et en Savoie, la semaine de Noël.

Le bouquin porte donc sur deux thèmes : l’identité et la mémoire …c’est aussi la problématique de l’écrivain, soupoudrée de tas de références : Conan Doyle, Stephen King et Maurice Leblanc. Clin d’œil appuyé aux lecteurs cultivés à la clé. Il y a aussi un jeun de piste avec certains mots soulignés, un codage dans le livre lui-même, mais cette "prise de tête" supplémentaire ne m'a pas tentée.

J’ai tout de même lu jusqu’au bout le livre et la résolution de l’intrigue n’a rien de très époustouflant : on la voit arriver avec des bottes de pêcheur à pied. Un peu facile …. Ce sera donc mon premier et mon dernier Thilliez.

* je n'oublie pas Claude Izner, Philippe Grandcoing et Jean-Christophe Portes !

Le manuscrit inachevé, thriller de Franck Thilliez, chez Fleuve éditions, Pocket, 622 p., 8,60€